Bilan de la mission de terrain « Inclusion économique, changement climatique et cohésion sociale dans le Hodh El Chargui » commandite par la Banque Mondiale et exécuté par le CRDES en Mauritanie
Cette mission est une enquête qualitative menée dans les communes de Djiguenni et Feireni, dans la région du Hodh El Chargui en Mauritanie. L’étude a utilisé 32 séances de collecte, comprenant des focus groups et des entretiens avec des informateurs clés, pour explorer les thématiques de l’inclusion économique, du changement climatique et de la cohésion sociale.
Principaux enseignements par localité
- Commune de Djiguenni:
- Charwata : La cohésion sociale est forte, et les activités économiques principales sont l’élevage, l’agriculture (mil, sorgho), l’artisanat et les petits commerces. Les femmes sont très impliquées dans la transformation et la vente du mil en couscous. La localité est dépendante de la saison des pluies, et l’accès à l’eau est limité en dehors de cette période.
- Marzeite : Les femmes ont bénéficié d’un financement du PRAPS de 180 000 MRU, ce qui leur a permis de développer la culture maraîchère sur plus de 500m² et d’ouvrir une boutique. Elles rencontrent cependant de grandes difficultés d’accès à l’eau, les obligeant à en acheter pour l’arrosage hors saison.
- Commune de Feireni:
- Karekrou : La cohésion sociale est bonne. Les activités économiques incluent l’élevage, l’agriculture (mil, sorgho), l’artisanat et le petit commerce. Une activité féminine notable est la broderie de boubous, vendue sur les marchés hebdomadaires. La communauté est sensible à l’irrégularité des pluies.
- Baganata : On observe une forte entraide et un respect des aînés, soutenus par les cotisations locales et de la diaspora. L’agriculture est l’activité principale, complétée par des jardins féminins durant la saison des pluies. Des problèmes spécifiques ont été identifiés, comme l’état civil des enfants (sans papiers), la sécheresse récurrente et la pauvreté.
Défis et recommandations
Les principaux défis relevés sont les suivants :
- Accès à l’eau : C’est la contrainte majeure pour le développement des activités agricoles et le rôle économique des femmes.
- Changement climatique : La région subit une chaleur extrême, des pluies irrégulières et la sécheresse, en plus des ravages causés par les insectes sur les cultures.
- Opportunités pour les jeunes : Le manque d’emploi incite à la migration vers Nouakchott ou l’Europe, souvent sans papiers d’identité, ce qui les expose à un risque d’expulsion et de migration précaire.
Pour faire face à ces défis, des recommandations préliminaires ont été formulées:
- Eau : Soutenir des micro-infrastructures hydrauliques comme la réhabilitation de puits et l’aménagement de petits réseaux d’arrosage.
- Femmes : Accompagner les femmes dans la commercialisation de leurs produits (broderies, transformation) et fournir des fonds de roulement pour les initiatives communautaires.
- Jeunes : Faciliter l’obtention de documents d’état civil et créer des ponts vers l’emploi et la formation pour réduire la migration à risque.
- Agriculture : Mettre en place des kits de lutte anti-ravageurs adaptés au contexte local.